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dimanche, 29 décembre 2013

IRRECUPERABLE REISER

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J’ai entendu récemment monsieur Jean-Marc Parisis parler du dessinateur Reiser, auquel il a consacré en 1995 un ouvrage biographique. Je ne l'ai pas lu, mais sur le principe, j'y vois un travail salutaire, car Reiser est quelqu’un de bien oublié, alors que tout son travail pourrait servir de leçon (en forme de volée de bois vert) à tous les caricaturistes et dessinateurs de presse d’aujourd’hui, dont j’excepte cependant Cabu, Willem et quelques autres. Ceux du Charlie Hebdo qu'on connaît aujourd'hui, en comparaison, la jouent « petits bras », quand ce n'est pas carrément « bras cassé ». 

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Quand je pense à Reiser, le pauvre dessin que Plantu inflige au lecteur en première page du Monde m’apparaît d’autant plus misérable. Mais j’imagine bien que si Plantu s’inspirait tant soit peu de Reiser, il se ferait séance tenante virer du « journal de référence ».

 

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Pour une raison très simple : Reiser est l’archétype même du dessinateur libre. La caractéristique principale de cette liberté, s’agissant de Reiser, c’est la férocité. Au 19ème siècle, on aurait dit que l’artiste « porte le fer dans la plaie ». Quant à Jean-Marc Parisis, je me rappelle avoir lu, il y a fort longtemps, La Mélancolie des fast foods (1987). Je me souviens d’un roman nerveux, rapide et non dénué de violence. L’intérêt manifesté par l’auteur pour Reiser n’est donc pas incohérent.

 

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Les deux « pères » de Reiser dans le métier furent Georges Bernier, alias Professeur Choron, l’inénarrable, l’indécrottable, l’insupportable et toujours imbibé Professeur Choron. Pour dire que la première maison qui abrita le dessinateur s’appelait Hara Kiri, « journal bête et méchant ». Il faut s’en féliciter : c’était en quelque sorte un habitat naturel pour lui.

 

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Dans les années 1990, Delfeil de Ton eut l’idée formidable de réunir tous les dessins que Reiser avait faits pour la presse, à commencer par Charlie Hebdo, qui n’avaient pas fait l’objet d’une publication en albums. Résultat : neuf volumes, publiés de 1994 à 2001 aux éditions Albin Michel.

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J’ai essayé ici de donner une petite idée de la liberté que prenait Reiser avec tous les « groupes », toutes les « minorités » qui font régner aujourd’hui la terreur parmi les adeptes de la liberté d’expression.

 

S’il n’était pas mort à temps pour ne pas voir le nouvel ordre moral et punitif, et la gravissime gravité d'une bienpensance tartufière, conformiste et cérémonieuse s’abattre sur le pauvre monde comme la dalle de granit se referme sur le caveau fraîchement creusé, on pourrait sans doute dire à présent : « Reiser ? Combien de condamnations ? ».

 

Qu’il s’agisse des femmes (qu'il adorait), des nègres, des pédés, des parents, des gouvernants, des écologistes, des curés, des vieux, des handicapés (= les tabous d'aujourd'hui = autant de motifs de correctionnelle) tout le monde en prenait joyeusement pour son grade. Et pour le dessin d'actualité, Reiser, il se posait un peu là.

 

C'était l'époque de Coluche, de Desproges, ... et de Reiser.

 

Heureux temps.

 

Voilà ce que je dis, moi. 

 

lundi, 19 novembre 2012

MAUVAIS GOÛT ET LIBERTE D'EXPRESSION

Pensée du jour :

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"SOUPIRAIL" N°6

 

« On s'occupe beaucoup de gagner du temps. A-t-on raison ? C'est autre chose. Tout le monde sait l'histoire du Chinois qui demandait au policeman le chemin de la gare : "Première à droite, deuxième à gauche, lui répondit le policeman. Mintenant si vous voulez passer par les petites rues, vous pouvez gagner vingt minutes." "Et qu'en ferais-je ? " demanda le Chinois qui se hâta lentement de passer par le plus long ».

 

ALEXANDRE VIALATTE

 

 

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N°418 - 1978

HARA KIRI fut une grande revue du paysage français, de son n°1 (septembre 1960) à son n°291 (décembre 1985). Les moutures suivantes (jusqu'à la sixième !) ne furent que des survivances, d'abord portées par le Professeur CHORON (GEORGES BERNIER), qui s'éteignirent doucement, même si le titre paraît toujours. Les cibles préférées ? Le SEXE, la RELIGION, la RACE.

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CHARLIE HEBDO N°73 - 1972

Enfin pas exactement : je devrais dire tous ceux qui se prenaient très au sérieux sur chacun de ces sujets, autrement dit les militants dans leur ensemble, à commencer par les militants du SEXE (tout ce qui gravite autour du féminisme et de l'indifférenciation sexuelle), les militants de la RELIGION (là, ils s'en donnaient à coeur joie, que ce soit le croissant, la croix ou l'étoile), les militants de la RACE et des grands sentiments antiracistes, tiermondistes et masochistement universalistes. Et principalement sous l'angle de la BÊTISE qui en accompagne les manifestations dans les discours de ceux qui ont accès aux médias.

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N°179 - 1976 

Je me rappelle distinctement la publicité pour Hara Kiri diffusée à la radio (Europe 1) à une époque : « Si vous ne voulez pas l'acheter, eh bien volez-le ! ». C'était gonflé, mais ça ressemblait trait pour trait à l'esprit de la revue. Et puisqu'on parle publicité, c'est à l'équipe d'Hara Kiri qu'on doit ce slogan définitif, qui a le compact, le brillant et le tranchant de la pierre d'obsidienne : « La publicité nous prend pour des cons ! La publicité nous rend cons ! ». 

 

 

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1975

Pour donner une idée de ce que fut le ton Hara Kiri, et surtout ce qui en sépare l’époque de la nôtre, je me propose juste, aujourd’hui, de montrer quelques couvertures du mensuel (1ère et surtout 2ème génération), dans sa version initiale, et dans sa version hebdomadaire, qui s’y est substituée quand il a fallu remplacer dans l’urgence le défunt HKH (Hara Kiri Hebdo), étranglé pour cause de crime de « lèse-général-DE-GAULLE ».

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N°205 1978

 Posez-vous juste la question : combien y aurait-il de procès pour « diffamation, antisémitisme, islamophobie, outrage à la pudeur, incitation à la haine raciale, incitation à l'alcoolisme, incitation à la discrimination,  incitation à la violence, etc ... », si de telles couvertures étaient publiées aujourd'hui ?

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1977 

HKH 94 1970.jpgJ’imagine d’ailleurs que l’équipe de CAVANNA, CHORON et compagnie ont dû sacrément se fendre la pipe en conférence de rédaction, quand la formule assassine est sortie : « Bal tragique à Colombey : 1 mort ». DE GAULLE est mort le 9 novembre 1970. 

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N°203 1978

Or il faut savoir que le 1ernovembre 1970, une boîte de nuit a brûlé à Saint-Laurent-du-Pont (Isère), au milieu de la nuit. Bilan : 146 morts quand même, ce qui n’est pas négligeable et fit donc les gros titres.

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N°1 - 23 NOVEMBRE 1970

Tout le monde aurait oublié le drame si une équipe d’hurluberlus n’avait eu l’idée de mettre en couverture de leur hebdomadaire contestataire une sorte de synthèse des deux événements, dans la formule ramassée désormais immortelle : «  BAL TRAGIQUE A COLOMBEY : UN MORT ».

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1979

Le dernier numéro de la revue Hara-Kiri Hebdo est donc sorti le 16 novembre 1970. L’équipe, pour remplacer aussitôt le titre défunt, se tourna vers le cousin – exclusivement consacré à la bande dessinée – Charlie (mensuel), lui accola le suffixe « hebdo », et le tour fut joué : l’aventure pouvait se poursuivre. On ne changeait rien.

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1980 : COLUCHE CANDIDAT A LA PRESIDENTIELLE DE 1981

L’équipe a pété des flammes pendant une vingtaine d’années. La plupart des membres en sont connus : CAVANNA le rital, REISER, mort trop tôt, GÉBÉ (GEORGES BLONDEAUX), CABU, WOLINSKI, DELFEIL DE TON, WILLEM et, last but not least, GEORGES BERNIER, alias Professeur CHORON. Il y avait aussi un certain PIERRE FOURNIER, qui mérite de rester dans les manuels d’histoire comme fondateur d’une revue fondatrice, j’ai nommé La Gueule ouverte.

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N°416 1978 WOLINSKI

Tous les « écologistes » actuels doivent, qu’ils le sachent ou non, quelque chose, d’une part, à RENÉ DUMONT, et d’autre part à PIERRE FOURNIER. Je salue la mémoire de cet homme, mort brutalement (si je me souviens bien), qui fut un élément moteur dans les débuts de l’écologie (que j’appellerai « combative » plutôt que « militante », une écologie de conviction, et pas encore de parts de marché électoral). Passons.

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N°248 1975 WOLINSKI

Moi, si on me demandait de résumer l’esprit Hara Kiri, je dirais « déconnade et provocation », d’un côté, et de l’autre « imagination et liberté ». J'ajouterais : « transgression», parce qu'à cette époque, le mot avait encore une signification.

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N°335 1977 REISER

L’éteignoir qui s’est abattu depuis deux décennies sur l’expression libre a creusé une sorte de « Fosse des Mariannes » entre les extensions policières (extérieures et intérieures) de notre présent et les effervescences de l’époque Hara Kiri.

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N°242 1975 GÉBÉ

Tout le « mauvais goût », c’est-à-dire tout ce qui a quelque chance de heurter la sensibilité bourgeoise, assimilée au conformisme le plus sourcilleux, constitue la pâture privilégiée de l’équipe Hara Kiri. Je passe sur le cynisme de CHORON, qui a profité de la naïveté des autres en ce qui concerne les affaires pour s’approprier la marque.

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N°303 1976 REISER (EN 2012, IL N'Y A RIEN A CHANGER)

Mais DELFEIL DE TON a raconté quelque part par quels détours malpropres CHORON, dans les débuts, se procurait l’argent nécessaire auprès d’une vieille et riche rombière, séances dont il avait la lucidité de revenir dégoûté. En matière de mauvais goût, CHORON était un connaisseur, un praticien, un expert. J’imagine que c’est à lui qu’on doit les pires « visuels » publiés dans la revue.

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N°266 1975

Le mauvais goût a, par bonheur, été rayé par la « Raison morale » de toutes les tablettes de toutes les publications illustrées offertes à l’appétit des chalands friands, obligés de se rabattre sur les « créneaux spécialisés » et autres ghettos, souvent payants, voire clandestins. Sans doute de façon à retrouver les joies de la transgression, j’imagine.

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N°366 "COMMENTAIRE", SI L'ON VEUT, DE LA VISITE DE SADATE A BEGIN EN 1977

C’est le tableau d’une époque qui fut. Et qui n’est plus. Qu’on se le dise, l’heure est à l’égalité de TOUS devant TOUT. RENÉ GIRARD, dans son analyse de La Violence et le sacré, fait de l'indifférenciation généralisée une étape préalable à la généralisation de la violence. S'il a raison, ça promet ! 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

dimanche, 18 novembre 2012

BD ET LIBERTE D'EXPRESSION

Pensée du jour :

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"SILHOUETTE" N°36

 

« L'oiseau a quelque chose d'étrange. Il fait des choses extraordinaires : l'urubu nettoie les poubelles, l'agami surveille les poulets,le gypaète est barbu, l'albatros pond des oeufs dont le petit bout est aussi gros que l'autre (et l'autre aussi petit que le premier), la huppe pupule, le milan huite et le rhinocéros barète (encore n'est-ce pas un véritable oiseau) ».

 

ALEXANDRE VIALATTE

 

 

 

Quand la BD devint « pour adultes » et mensuelle, j’ai encore suivi le mouvement. Ce furent Charlie (mensuel), Métal hurlant, Circus, A suivre, Pilote (mensuel), Fluide glacial (qui paraît toujours, mais bon, je me suis fatigué). HKH94 1970.jpgEt tout ça depuis le n° 1 jusqu’au dernier (enfin, pas toujours). Ça me fait encore des piles presque jusqu’au plafond, rien qu’avec ce que j’ai gardé, pour vous dire. Il va de soi que j’ai suivi Hara Kiri hebdo jusqu’à l'ultra-célèbre et immortel « Bal tragique à Colombey : 1 mort » (16 novembre 1970), et Charlie hebdo qui lui a immédiatement emboîté le pas, après l'interdiction pour crime de lèse-DE GAULLE.

 

 

Je garde une tendresse pour des revues plus éphémères de cette époque, parce qu’elles faisaient souffler un vent de liberté devenu totalement inimaginable aujourd’hui. Personne, à part le ministre de l’Intérieur, n’aurait alors eu l’idée de faire à sa place la police des moeurs ou  la police de la pensée : aujourd’hui, les flics de toute obédience (sous couvert d’ "associations" religieuses, sexuelles, raciales…) font régner leur intolérance. Attention, c’est parti pour une petite parenthèse !

 

 

Dans les médias (je veux dire tout ce qui est de l’imprimé, du son ou de l’image fixe ou animée), c’est le CURÉ qui a pris le pouvoir et revêtu l’uniforme du FLIC augmenté du Père Fouettard : le CURÉ RELIGIEUX (TOUS les prêtres, imams, rabbins), le CURÉ RACIAL (TOUTES les associations antiracistes), le CURÉ SEXUEL (TOUS les hétérophobes dénonciateurs de « phobies » qu’ils fabriquent pour les besoins de leur « cause », je ne vois pas pourquoi je n’en inventerais pas à mon tour). Quel nouveau PHILIPPE MURAY inventera un anticléricalisme à la hauteur de cette agression de tous les azimuts et de tous les instants ?

 

 

Ce n’est plus « Big Brother is watching you » (1984), c’est l’œil omniprésent du « curé punisseur » qui, telle une caméra de surveillance universelle, vous guette à tous les coins de rue pour vous envoyer en correctionnelle si vous avez la mauvaise idée de lever le doigt pour dire ce qui vous semble être de bon sens, par exemple au sujet du mariage et de l’adoption homosexuels.

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LA PROPAGANDE DES ANTI-LIBERTÉ A LE VENT EN POUPE :

J'APPELLE ÇA CRIMINALISER LA VIE SOCIALE

(Le Monde, dimanche 18 - lundi 19 novembre 2012)

Une intolérance qui se couvre du manteau de la « tolérance » et du « respect » (GEORGE ORWELL appelait ça la novlangue : « L’esclavage, c’est la liberté »), pourvu qu’ils en soient les seuls bénéficiaires. Une intolérance qui se couvre par ailleurs (mais ça va avec) de l'indispensable tunique de la VICTIME. Et le crime qui crée la victime, aujourd’hui, s’apparente presque toujours à la « discrimination », et concerne le plus souvent les gens à couleur de peau exogène, ou à sexualité marginale, ou encore à religion importée. La race, le sexe, la bondieuserie. Le tiercé gagnant.

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COMMENT CROYEZ-VOUS QUE LES "ASSOCIATIONS" (LGBT OU RELIGIEUSES)ACCUEILLERAIENT CETTE COUVERTURE AUJOURD'HUI ?

(décembre 1977) 

Je vais te dire : fais un beau mélange de tout ça, et tu as le magnifique couvercle d’un magnifique ORDRE MORAL qui s’abat sur toi pour te cuire à l’étouffée. Même Charlie-Hebdo (attention, celui ressuscité par PHILIPPE VAL en 1992, qui n’a pas grand-chose à voir avec le premier, né en 1970), fait un pet de travers tous les 36 du mois par peur des bombes et des procès, et quand il le fait, la merde n’est jamais bien loin, prête à exploser. C'est bien le signe que des forces de l'ordre (racial, sexuel, religieux) convergent et se coalisent contre l'expression libre, non ? De quel côté est-elle, l'intolérance ?

 

 

Ce « meilleur des mondes », PHILIPPE MURAY l’appelait l’ « envie de pénal ». Moi qui n’ai pas la classe du grand PHILIPPE MURAY, je me contente de l’appeler « curé punisseur ». C’est le même uniforme gris. Mais même les nobles imprécations de PHILIPPE MURAY n’ont pas suffi à empêcher le flot malodorant des hordes de gendarmes « antiracistes », « antisexistes », « antihomophobiques », « anti-islamophobiques » de tout submerger.

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UNE REVUE PUBLIEE PAR DES FEMMES FEMINISTES (septembre 1978, dessin LIZ BIJL)

COMBIEN DE BOUCLIERS LEVÉS ET DE PROCES, SI C'ETAIT AUJOURDHUI ????

Je reviens à mes revues de BD plus éphémères. Pour dire ce qu'était la liberté d'expression à l'époque, je montre quelques couvertures. Parmi les comètes, je citerai Ah ! Nana ! : 9 numéros, avec la géniale NICOLE CLAVELOUX (ah ! son extraordinaire Alice au pays des merveilles) et l’austère CHANTAL MONTELLIER, un féminisme pas encore coincé dans un intégrisme « genriste » à la JUDITH BUTLER. Je citerai Surprise (5 numéros), publié par le dessinateur actuel de Libé, WILLEM, avec une curieuse BD, Ici, on ne nous voit pas.

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Je citerai Mormoil, avec la couverture magnifique du n°3 et sa superbe BRIGITTE BARDOT en prototype, archétype et modèle de l’idiote, croquée par MORCHOISNE, en train de dire : « Mords-moi le quoi ? ». Je citerai Tousse-Bourin, qui a révélé CABANES, Le Canard sauvage, avec DESCLOZEAUX, qui loue aujourd’hui ses services aux chroniques gastronomiques du Monde.

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VOUS AVEZ NOTÉ : HONORABLE REVUE DE BANDES DESSINEES EXOTIQUES

Je citerai Piranha, Le Cri qui tue, la revue d’ATOSS TAKEMOTO, qui me permet d’affirmer que j’ai été parmi les premiers lecteurs de mangas publiés en France, longtemps avant que ça s’appelle « manga ». Je citerai enfin Virus, et une pléiade d’autres (Carton, Microbe, Aïe, Le Crobard, on n’en finirait pas, et je ne parle que de ce que j’ai connu), encore plus éphémères.

 

 

Ce n’était pas le « bon temps », c’est sûr, et je n’ai pas de nostalgie. J’observe juste une drôle d’inversion des rôles entre le politique et le sociétal : ce qui était politique était tabou aux yeux du pouvoir et toute incartade réprimée, alors que ce qu’on n’appelait pas encore le « sociétal » (autrement dit « les mœurs ») était laissé totalement libre (enfin, quand je dis "totalement", il s'en faut de beaucoup ...).

 

 

Aujourd’hui, c’est l’inverse : des hommes politiques et de l’ordre social, vous pouvez dire absolument tout ce que vous voulez, et même n’importe quoi, ça fait comme la pluie sur les plumes du canard (il n’y a plus de politique, il n’y a plus que de la « com », et les « susceptibilités » se sont muées en édredons et matelas pour abriter l'amour-propre devenu invulnérable, parce qu'inexistant, pour cause d'absence radicale de convictions).

 

 

Au sujet du « sociétal » (qu’on a cessé d’appeler les « mœurs »), en revanche, l’armée des CURÉS PUNISSEURS (religieux et sexuels et raciaux) se charge de vous fermer la gueule (regardez : même Libé se fait attaquer pour son titre sur BERNARD ARNAULT : « Casse-toi, riche con ! ». Pour une fois qu'ils étaient drôles !).

 

 

 

Moi, j'admire le peuple norvégien pour son attitude exemplaire après les atroces meurtres d'ANDERS BERING BREIVIK, et je vomis les loups qui ont déchiré en effigie RICHARD MILLET après la parution de son brûlot - ANNIE ERNAUX, JEAN-MARIE-GUSTAVE LE CLEZIO et TAHAR BEN JELLOUN venant tout à fait en tête -, ils méritent de retourner se réduire en la bouillie moralisatrice et policière d'où ils n'auraient jamais dû sortir pour empuantir l'air des hommes libres !!!

 

 

Voilà ce que je dis, moi.

 

 

jeudi, 24 mai 2012

LA GUERRE DES DESSINS

Cela fait une éternité que le journal Le Monde s’est converti à la publicité, à la photographie et au dessin de presse. Une éternité qu’il s’est mis à publier les cours de la bourse. Une éternité qu’il a cédé à la pipolisation, imitant en cela la dernière page de Libération, en publiant des portraits curieusement neutres et alléchants de personnalités plus ou moins fêtées dans les médias.  

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Une éternité que Le Monde s’est adapté à la modernité, je veux dire à la « nécessité » d’aérer de toutes les manières possibles des contenus d’une sévère austérité, d’une densité fatigante, et pour tout dire capables de flanquer des indigestions carabinées. Une éternité qu’il propose pour remédier à ces défauts des articles allégés de toute matière grasse.

 

 

Bref : le « journal de référence » a suivi le cours des choses pour s’adapter à un public de « jeunes cadres dynamiques », d’une allègre modernité, et qui, pour cette raison, consacrent trop de temps à leur jogging, à leur(s) maîtresse(s), à leur ordinateurs pour en perdre à vouloir s’informer en allant trop au fond des choses. On ne sait jamais : peut-être que ça colle aux doigts.

 

 

De son côté, le journal Libération n’est pas resté inactif, et a su accompagner souplement l’évolution des mœurs. Cela fait en effet une éternité que, sous la houlette inspirée, quoiqu’énergique, de SERGE JULY (le journaliste devenu patron qui, à ce titre, fut considéré comme acheté, avant d’être « à jeter »), il a abandonné la Révolution à son triste sort.

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Une éternité qu’il a délaissé la futilité de ses célèbres « petites annonces » pour s’intéresser à son tour aux personnes dignes d’intérêt, c’est-à-dire celles qui portent l’étiquette « vu à la télé ». Une éternité qu’il a jeté dehors l’extraordinaire, génial et décoiffant  supplément Un regard moderne où le collectif Bazooka portait le visuel à ébullition. Adieu CHRISTIAN CHAPIRON (Kiki Picasso), JEAN-LOUIS DUPRÉ (Loulou Picasso) et OLIVIA CLAVEL (Electric Clito).

 

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 ET ÇA REMONTE A 1978 !

 

Je ne sais pas si c’est le mot « ébullition » qui s’impose, parce que je pourrais aussi bien parler d’explosion, de dynamitage, mais on me reprocherait l’outrance. Au sujet de Bazooka, il ne saurait y avoir d’outrance, puisqu’aucune ne serait en mesure d’égaler la leur, à l’époque.

 

 

Si je peux donner mon avis, je pense que Bazooka, en son temps, a fait basculer l’univers graphique dans l’infini émiettement de la marchandise, du fait du triomphe de la consommation comme mode de vie. Pour ce qui est du graphique, je dirai que personne mieux que Bazooka Production n’a compris (ou reflété, ce serait peut-être plus juste) le sens de l’époque qui s’ouvrait (avec à la clé récupération des détournements situationnistes).

 

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Bref, ça fait une éternité que Libération s’est converti à la social-démocratie « responsable », que la social-démocratie « responsable » s’est convertie à l’économie de marché, et que l’économie de marché s’est convertie à l’intégrisme libéral et à la lutte de tous contre tous (THOMAS HOBBES, Léviathan). Rassurons-nous : la destruction du monde par l’économie est en cours.

 

 

Tout ça pour en venir à quoi, vous demandez-vous peut-être ? A ceci : en dehors du fait que la presse française n’a cessé de décliner et de perdre des forces et du caractère, les deux journaux cités ci-dessus cultivent une tradition : le dessin de presse. Et c’est là que leurs chemins se séparent. Au Monde, le dessinateur s’appelle PLANTU (son vrai nom est JEAN PLANTUREUX, si, si, je vous assure). A Libération, il s’appelle WILLEM (BERNARD WILLEM HOLTROP).

 

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DESSINS PARUS LE 21 MAI 

 

La différence entre les dessinateurs reflète exactement la différence entre les journaux. Pendant que PLANTU adopte la couleur conformiste de la feuille qui le rémunère, et se prend pour un nouveau DAUMIER (y compris pour la sculpture) et pour le porte-drapeau internationaliste de la liberté de la presse (« cartooning for peace », créé en 2006) et de l’humanisme journalistique, avec bonnes intentions et certificat de belle âme, le rigolard WILLEM, plus individu, donc infiniment préférable, promène son regard et son ricanement vaguement désenchanté dans toutes sortes d’endroits plus ou moins mal famés, couchant sur le papier les vachardises plus ou moins prononcées de son ironie plus ou moins féroce.

 

 

Une autre différence entre les deux dessinateurs est que, dans Le Monde, il est publié en « une », alors que dans Libération, il faut le chercher en pages intérieures. Mais la grande différence est dans la teneur elle-même des dessins. PLANTU est effroyablement gentil. Bon sang, que ses dessins sont sages. C’est énervant à force d’être sympa. Je me demande si cette gentillesse est propre à l’individu, ou si c’est la « ligne » du journal qui commande.

 

 

Sans doute un peu les deux, mon général : Le Monde n’aurait jamais demandé, par exemple, à CABU un dessin de « une ». CABU, c’est tout juste bon pour un hebdomadaire satirique paraissant le mercredi ou pour Charlie Hebdo.  CABU est trop méchant pour travailler au Monde. Regardez comme il arrange SARKOZY (et BERNADETTE CHIRAC au passage).

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COMME DIT LINO VENTURA : C'EST DU BRUTAL !

(et très bien vu, je trouve)

 

 

Cette gentillesse de PLANTU fait en général son dessin lisse et mou : il manque des piquants, bon sang de bonsoir ! Et puis, cette petite souris qu’il ajoute à tous ses dessins, est-ce qu’il ne l’a pas tout simplement piquée à GOTLIB ? Bon, c’est vrai, chez GOTLIB, ce n’est pas une souris, mais une coccinelle, mais elle a une véritable existence, elle devient un vrai personnage, qui vit des aventures. La souris de PLANTU ne sert à rien. Clin d’œil, si vous voulez, mais sans signification.

 

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 Tiens, regardez un peu ce que PLANTU et WILLEM dessinent le 7 mai, lendemain du 6 (vous vous rappelez ? Ah bon, moi, j’ai déjà oublié). Si vous voulez mon avis, PLANTU joue les « chambres d’écho » pour les événements, alors que WILLEM est davantage dans le commentaire politique. Le dessin de WILLEM est en actif ce que celui de PLANTU est en passif.

 

 

 

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Voilà ce que je dis, moi.

 

 

P. S. : j'aime beaucoup aussi ce portrait de NICOLAS SARKOZY :

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 BEAU PORTRAIT CUBISTE, ET TRES RESSEMBLANT

mercredi, 09 novembre 2011

ACCLAMONS LE RETOUR DU MOYEN AGE

Au nom de je ne sais quel combat sacré contre un improbable nazisme résurgent, le législateur, sous la pression de groupes, de sectes et de factions, s’efforce de museler la pensée et l’expression de celle-ci, quand il estime qu'elle sort des cadres admissibles. Ce faisant, on fait de ces opinions et de ces mots des délits. C’est cela que je trouve hallucinant : inscrire des mots au Code Pénal. 

 

J’ai aussi parlé ici du « genre », récemment. Si on parle tellement du « genre » depuis peu de temps, c’est que c’est un cheval de bataille. Le surgissement du « genre » signifie qu’une autre offensive est en cours. Celle-là est homosexuelle, et vise à conquérir la légitimité légale d’une norme. 

 

Eh bien, il se passe la même chose pour la religion. Je dirais presque, en l’occurrence, qu’il s’agit d’une guerre, vu les moyens employés, que ce soit en Tunisie (destructions consécutives à la projection de Persépolis, de Marjane Satrapi) ou à Paris (cocktail Molotov contre Charlie Hebdo). 

 

Moi, je ne dirai pas un mot pour défendre la laïcité. La laïcité, je m’en fous, je m’en tape, je m’en tamponne le coquillard, je m’en bats l’anse et même les deux. Tant que le mot jouait son rôle fictif de mur de protection contre les croyances particulières, il avait son utilité. Mais aujourd'hui, il veut dire à peu près tout et son contraire, tant il a été galvaudé, et est devenu comme le paysage de ruines de l'économie mondiale : indéchiffrable et ingouvernable. 

 

Tant que la laïcité est le mur à l'abri duquel chacun conduit sa tambouille,  mystique ou non, comme il l'entend, sans se préoccuper de ce qui se passe de l'autre côté, tout va bien. Mais si, le mur une fois tombé, les croyances choisissent l'espace public comme champ de bataille  pour se faire la guerre, comme ça en prend le chemin, croyez-moi, ça va faire très mal, et ça a un peu commencé.

 

Alors je préviens solennellement, attention : PAS TOUCHE A LA LIBERTÉ D’INCROYANCE.

 

L'incroyance, l'insolence à l'égard du religieux, de tout le religieux, est la première à être visée dans le collimateur. L'incroyance sera la première victime de la chape de plomb religieuse, quand celle-ci aura rabattu son couvercle. Les croyants des diverses religions ne se supportent pas entre eux, à l'occasion, mais quand c'est leur fonds de commerce qui est en jeu, il deviennent solidaires, c'est du réflexe défensif.

 

J’ai lu dans le journal ce titre : « Les croyants en lutte contre le "rejet" des religions ». Le lendemain cet autre titre chapeautant une tribune libre : « Le symbole du Christ doit être respecté par les artistes ». Ces titres n’annoncent qu’une chose : l’encadrement, et finalement l’enfermement de la pensée et de son expression dans le Code Pénal.

 

Ces gens veulent qu’on respecte leurs croyances et sont prêts, à terme, à les faire respecter par la force. Mais curieusement, ils n’ont aucune envie d’envisager le fait que de tels titres dans les journaux, pour utiliser leurs termes, me "choquent", "heurtent ma sensibilité", "foulent au pieds les symboles et les idées auxquelles j’adhère". Pourquoi les droits qu’ils réclament pour leur chapelle me seraient-ils refusés ?

 

Messieurs les croyants, commencez par appliquer aux autres le respect que vous exigez pour vous-mêmes : respectez ceux qui ne le sont pas, et qui sont incommodés (c'est le mot le plus gentil que j'ai trouvé) par l'odeur de vos proclamations  de foi, qui se répand impudemment dans l'air que je respire.

 

En vérité, mes bien chers frères, je vous le dis : il y a de l’offensive dans l’air. Féministes, antifascistes, chrétiens, musulmans, homosexuels, tout ce beau mélange de monde en effervescence est à la manœuvre. Et je ne veux pas paraître défendre le spectacle, probablement assez bête, de Roméo Castellucci, mais il n’y a aucune raison pour qu’on se laisse intimider par ces entreprises d’intimidation.

 

La manière de procéder, en l’occurrence, fait penser à l’air de la Calomnie dans Le Barbier de Séville, que chante Basile.

 

C’est d’abord un faible vent, une brise fort agréable

Qui, subtile, discrète, légèrement, doucement, commence à susurrer.

(…) Peu à peu elle accélère, dans les oreilles des gens, elle s’infiltre habilement.

(…) Le vacarme s’amplifie, prend force peu à peu,

Vole de lieu en lieu, c’est le tonnerre, la tempête,

(…) Enfin, tout déborde, éclate, se propage, redouble,

Et produit une explosion pareille à un coup de canon.

 

C’est exactement le même processus. On commence par les allusions les plus indirectes. On continue avec les stratégies d’influence. On poursuit par l’intimidation. Et ça finit avec le code pénal. Et j’ai comme l’impression qu’en ce moment, l’étau se resserre.

 

C’est d’ailleurs très curieux : spontanément, je n’ai aucune envie d’insulter Jéhovah, Jésus ou Allah. Franchement, pour tout dire, je m’en fous. De plus, je suis d’un tempérament doux et pacifique, vous me connaissez.

 

Mais ces cacas nerveux avec arrière-pensées politiques (le Renouveau Français), ce cocktail Molotov contre un journal que je n’aime pas, ces menaces qu’on fait courir à la liberté d’expression, je vais vous dire : tout ça me fait monter la moutarde à l'hypophyse, à l'hypothalamus, voire à l'hippopotame, et me donne justement l’envie d’injurier, d’offenser, d’outrager tous ces chéris en folie qui glapissent leurs idoles vertueuses prêtes à guillotiner, leurs dieux tout puissants et féroces, leurs prophètes appelant à la guerre sainte ou leurs « genres » autoproclamés « victimes justicières ». Les « victimes » ont tendance à se montrer avec le couteau entre les dents, vous ne trouvez pas ?

 

Si vous ajoutez « droit incroyance» à « liberté d'expression », vous obtenez « droit de blasphémer », « droit d’injurier tous les dieux ». L’Europe n’a pas vidé le ciel de Jéhovah, de Dieu et d’Allah réunis pour que les « trois imposteurs » (Moïse, Jésus, Mahomet), aidés de brigades Antisexistes, Antifascistes et Transgenres de tout pelage, viennent annexer nos bottes pour les remplir de leurs excréments dévots.

 

C’est déjà largement assez de voir mon paysage social pollué par toutes ces déjections militantes, et finalement guerrières. Le marigot commence à refouler salement du goulot.  Et tout ça, à cause de quelques bouches malodorantes qui font leurs besoins dogmatiques en plein milieu de nos trottoirs. On va finir par patauger des deux pieds dans cette crotte mentale et de plus en plus arrogante.

 

Voilà ce que je dis, moi.

mardi, 08 novembre 2011

L'OBSCURANTISME EST REVENU

MERDE A TOUTES LES « CAUSES »

 

Cela fait fort longtemps que j’ai cessé d’acheter Charlie Hebdo. Philippe Val dirigeait alors l’hebdomadaire, et dans son éditorial, il abreuvait le lecteur de considérations prêchi-prêcha vaseuses et oiseuses. Cette maladie s’aggravait avec le temps. Mais il lui fallait remplir ses deux colonnes de la page 3. Qu’est-ce qu’il a pu tirer à la ligne ! Il a bien fait d’aller écraser les arpions de la rédaction de France Inter. Ça n’a pas sauvé moralement le piteux Charlie Hebdo. Et je n’écoute jamais France Inter, que pour « Le Jeu des mille euros ». 

 

Et ce monsieur « de gauche » (il devait être directeur) se faisait, en tant que principal actionnaire du journal avec trois autres (est-ce que c’est Bernard Maris, Cabu, Cavanna ?), ses 300.000 euros de revenus dans l’année. Sans compter son salaire de responsable.

 

Quant aux dessinateurs, Luz, Riss, Jul, Charb et d’autres, moi je veux bien, mais d’une part, ils n’arrivent pas à la cheville des Gébé, Wolinski, Reiser, et d’autre part, ce n’est pas en agrandissant démesurément les dessins pour remplir les pages que le journal acquiert plus de force. CABU est resté, et il est resté le même. J’aime toujours bien ce qu’il fait. Il est quand même actionnaire, il me semble.

 

J’ai gardé ma collection du premier Charlie Hebdo (1970-1981), celui qui a succédé à Hara Kiri Hebdo, zigouillé en novembre 1970. Il faut savoir que Charles De Gaulle est mort à peu près en même temps que se produisait la catastrophe du « cinq-sept », une boîte de Saint-Laurent-du-Pont qui a brûlé avec 147 jeunes. Ils avaient fait leur « une » comme suit : « Bal tragique à Colombey : un mort». Le gars qui a trouvé ça, il doit encore en rigoler comme un bossu. 

 

Franchement, vous voulez que je vous dise ? Ce Charlie Hebdo, qui a aussitôt emboîté le pas à Hara Kiri Hebdo, en fut l’incomparable héritier et successeur ! Laquelle des « unes » de l’époque, publiée aujourd’hui, ne serait pas un cocktail Molotov, ou ne finirait pas en prison ? Si vous insistez beaucoup, je les descends de leur perchoir. En comparaison, celles d’aujourd’hui ont l’air d’avoir été castrées. 

 

Tiens, voilà que ça me donne envie. En voilà quelques-unes, descendues pour vous. Le 14 août 1975 ? Un curé portugais en soutane et petit chapeau (l’uniforme, quoi !) montre les dents en tendant le bras bien droit vers le haut en criant : « Heil Dieu ! ». En plein scandale Roméo Castellucci à Paris, ça relativise les gamineries imbéciles  des intégristes du « Renouveau Français ». 

 

Le 18 décembre 1975 ? Pas de dessin, mais : « Joyeux Noël ! Chiez dans les crèches ! Achevez les handicapés ! Fusillez les militaires ! Etranglez les curés ! Ecrabouillez les flics ! Incendiez les banques ! ». Ça sentait bien fort son Hara Kiri, à l’époque. Et la liberté d’expression. Combien de procès, aujourd’hui ? 

 

Ça a une autre gueule que le pauvre Indignez-vous !  de l’humaniste cacochyme, quoique valétudinaire Stéphane Hessel, quand même, avouez ! Allez, une dernière pour la route. Le 3 juin 1976, sous le titre : « Marchais flatte les chrétiens », une caricature du même, due à Gébé, qui lui fait dire, d’un air gourmand et réjoui : « J’ai enculé le pape ! ». 

 

Maintenant, pour être juste, il faut dire que les sensibilités n’étaient pas  aussi hystériques, et que les tribunaux n’étaient pas harcelés au plus léger froissement d’amour-propre des politicards de mes douilles, à la plus légère entorse au « droit à l’image » des vedettes, et à la moindre susceptibilité de ces hommes tellement pieux qu’ils se disent de religion juste au moment de mettre le feu. 

 

Et pour une fois que Charlie Hebdo sort de sa réserve timide et habituelle, patatras ! Voilà que le ciel (!) en personne lui tombe sur la tête. Enfin, pas « en personne » : le bras armé. Ne cherchez pas, messieurs les flics, Allah a envoyé un ange lancer le cocktail Molotov. Il est reparti au ciel. Quelle idée aussi d’habiter au rez de chaussée ! C’est tenter le diable ! 

 

Je n’ai évidemment pas trouvé le numéro en kiosque : kidnappé par les collectionneurs ! C’était bien, cette trouvaille : « Charia Hebdo » en surtitre. Un Mahomet dessiné par Luz, qui dit : « 100 coups de fouet si vous n’êtes pas morts de rire ». Mais bon, ça fait trop longtemps que j’ai divorcé de Charlie Hebdo. Unilatéralement. 

 

Reste que, aujourd’hui, et d’une, Dieu ou le Diable, tu sais plus bien. Et de deux, tu sais plus bien à quel étage ils crèchent. Voire à quelle adresse. Même que le facteur s’emmêle les pinceaux, que des lettres à Dieu se retrouvent en enfer et inversement. C’est le sac de nœuds. 

 

Même l’humoriste patenté de la « une » du Monde, qui se fait appeler PLANTU, de son vrai nom Jean Plantureux, a accepté de rentrer les épaules et de courber la tête. Là, ce ne sont pas des islamistes qui l’embêtent, c’est la direction même du journal, secondée de son cabinet d’avocats qui veillent au grain (et qui doivent coûter cher), on ne sait jamais. 

 

Le problème de Plantu, c'est qu'il remplit une fonction très claire, au Monde. Il sert de caution, d'alibi. Il n'est pas là pour exister vraiment. Il est le clin d'oeil de la grosse bête qui se sert de lui, la part d'humour de l'homme grave qui regarde ses propositions des dessins du jour, écarte ceux-ci, jette son dévolu sur celui-là. 

 

L'homme Plantu s'écrase. Son dessin aussi. C'est un homme qui, dans l'affaire, perd quelques attributs. C'est pour ça que ses dessins ne disent jamais grand-chose. Ce sont des dessins qui pourraient tenir compagnie aux femmes du harem sans danger pour le front du sultan. 

 

Résultat, si « eunuque » était un dessin satirique, il serait en « une » du Monde. Epoque misérable ! 

 

Epoque misérable, où l’on assiste à des offensives de plusieurs sortes contre la liberté d’expression. J’ai évoqué ici l’arrogance du « combat » féministe contre le sexisme (il faudra un jour prochain que je commente ce mot incroyable). J’ai défendu ici même, début août, le droit intégral des fascistes, des racistes et des antisémites d’exprimer publiquement leurs opinions extrêmes. 

 

Il n'y a pas de raison valable pour laisser les limaces idéologiques ramper leur voix visqueuse dans les caniveaux de la démocratie, et se perdre dans les broussailles négligées que les gardiens des temples de la liberté ont laissé pousser dans leurs abords immédiats. Les dits gardiens n'avaient qu'à tenir la pauvre promesse de simple justice qu'ils avaient eu l'imprudence de faire juste avant d'être admis à s'asseoir à la table du pouvoir.  

 

A suivre, demain sans faute.